Votre cerveau et vos nouveaux outils numériques ~2ème partie
- Nolwenn
- 25 juil. 2018
- 4 min de lecture

2. Quels sont les solutions pour influer positivement sur ma charge mentale de travail ?
La compréhension de la façon dont la charge mentale empiète sur la performance est un sujet d’actualité, d’autant plus en milieu industriel. Car plus la charge de travail est élevée, plus grands sont les risques d’erreurs. De même, moins l’utilisateur sera distrait par des informations non pertinentes, plus il pourra effectuer sa tâche efficacement.
Pour plus d’information sur la charge mentale de travail, ne pas hésiter à lire la première partie de l’article :
“ Votre cerveau et vos nouveaux outils numériques ~1ère partie. 1.Que se passe-t’il dans votre cerveau quand on change d’outil, quand on passe du format papier, au système informatisé ? ”
Peu importe le travail à réaliser, celui-ci impose des exigences physiques et mentales. D’autant, plus dans un contexte de transition numérique, où le changement d’outil de travail nécessite une phase de familiarisation.
Tout passe par l’apprentissage du nouveau système. En effet, lorsque l’opérateur est habitué à utiliser ce système il passe en mode “automatique”. Avec de l’expérience, la réalisation d’une action demande beaucoup moins de ressources attentionnelles et donc engendre une diminution de la charge cognitive. C’est un phénomène qu’on appel l’habituation, en effet l’utilisation répété d’un système permet d’anticiper les actions et de gérer au mieux les tâches à réaliser.
Exemple : La première fois que l’on fait du vélo, cela nous demande beaucoup d’effort. On doit se concentrer sur nos jambes (pour pédaler à la bonne vitesse), sur notre équilibre (pour ne pas tomber) mais aussi sur nos mains et nos yeux (pour aller dans la bonne direction).
Aujourd’hui vous n’avez plus à réfléchir pour en faire, c’est un processus “automatique” qui ne demande plus autant de surveillance attentionnelle de votre part. Vous êtes donc apte à répondre rapidement aux événements imprévus (ex : un enfant qui traverse juste devant vous).
Il est donc important de prendre le temps de découvrir les fonctionnalités du nouveau système. Les UX Designers prennent en compte un grand nombre de paramètres et analyse votre manière de travailler, dans la conception des application numérique. Pensez donc, dès lors de l’usage, à opérer des transferts de compétences de votre ancien dispositif vers votre nouveau système; c’est à dire de réutiliser des savoir-faire, des modes opératoires, des connaissances (transfert d’apprentissage).
Concernant, le “multitasking” ou l’art de tout faire en même temps (évoqué plus haut), différente solution s’offre à vous pour éviter une baisse de votre productivité et une surcharge cognitive :
Organisation : Déterminez parmi vos tâches régulières celles qui sont complexes et/ ou nouvelles et créez pour elles un créneau horaire et un espace libre de toutes distractions. Créez-vous un emploi du temps journalier pour vous organisez.
Le mode silencieux : Réglez vos notifications de manière à ne pas être dérangé et ne pas perdre votre rythme, et mettez votre mobile en mode silencieux.
Gestion du temps : Faire une tâche à la fois sérieusement pendant 25-30 minutes (et oui, notre cerveau ne peut se concentrer pleinement moins d’une heure…). Prenez ensuite une pause de 3 à 5 minutes et recommencer. Cette méthode de gestion du temps est appelée “Technique Pomodoro”. (De nombreuses application de gestion du temps sont disponible sur mobile).
Ceci pourrait à terme vous permet de récupérer 40% de votre temps de travail effectif, soit 16 heures par semaine, juste en éliminant vos comportements multi tâches et ainsi éviter une sur-charge cognitive.
Solution pour la conception
Méthodes pour réduire la charge cognitive – Jon Yablonski . 2015 . Médium
Éviter les éléments non nécessaires. Chaque élément qui n’apporte aucune aide à l’utilisateur pour atteindre son but est une charge en plus.
Tirer parti des modèles de conception courants. Permet de donner des éléments familiers aux utilisateurs et de faciliter la compréhension de l’interface.
Eliminer les tâches inaccessibles. Dans le but qu’il reste concentré sur son objectif. Pour décharger certaines tâches, on peut mettre des valeurs par défaut pouvant être modifiées ou en exploitant les informations précédemment entrées. En dernier temps, on peut faire de la conception anticipative.
Minimiser les choix. La mémoire de travail est limitée (nombre magique : 5 +/- 2 items).
Afficher les choix en tant que groupe. Les groupes masqués sont susceptibles de ne jamais être trouvés par les utilisateurs. Il est préférable d’afficher les choix en tant que groupe
Rendre le contenu lisible. La typographie doit être esthétique, appropriée au contenu et facile à lire. Le design doit rester relativement invisible : plus le contenu est épuré, plus l’information sera rapidement accessible à l’utilisateur.
Utiliser l’iconographie avec précaution. Les recherches ont montré que les iconographies sont plus difficiles à mémoriser et contraire à l’intuition. Pour tirer partie de la puissance de l’iconographie, il est préférable de les accompagner d’étiquettes de texte pour faciliter la compréhension et réduire l’ambiguïté.
Bien connaître ses utilisateurs. Connaître leur mode opératoire, leur niveau de connaissance et leur aptitude en informatique (ex : ne pas mettre des raccourcis s’ils sont débutants en informatique…). Attention à ne pas trop “infantiliser” les utilisateurs. Une sous-utilisation des compétences est aussi néfaste (sous-charge cognitive – ennuis de l’utilisateur). Des phases d’étude tout au long du projet sont donc recommandés.
Méthodes d’évaluation
Trois paramètres peuvent aider à évaluer la charge mentale :
la mesure des performances (approche capacitaire)
les mesures physiologiques / objectives (approche fonctionnelle)
Les rapports subjectifs (approche fonctionnelle)

A ce jour, il n’existe pas un outil parfait et standardisé qui mesure la charge de travail. Les méthodes évoquées dans le tableau ci-dessus, apportent des données différentes mais complémentaires. Il est donc important de coupler diverses techniques afin d’évaluer au mieux la charge de l’opérateur.
Des lectures plus approfondi sont disponibles dans le bibliographie.
~ Pensez à toutes ces petites choses à mettre en place pour améliorer votre qualité de vie professionnelle. ~
Bibliographie
Pour aller plus loin :
La charge de travail
Les méthodes de mesure de la charge de travail
Caroline Martin et al., « La charge mentale de travail : un concept qui reste indispensable, l’exemple de l’aéronautique », Le travail humain 2013/4 (Vol. 76), p. 285-308. DOI 10.3917/th.764.028
Mark S. Young, Karel A. Brookhuis, Christopher D. Wickens & Peter A. Hancock (2015) State of science: mental workload in ergonomics, Ergonomics, 58:1, 1-17, DOI:10.1080/00140139.2014.956151
Quynh Anh Ngoc & Finnerty J. (2016) L’impact de l’utilisation des outils numériques sur la charge mentale des salariés. https://www.anact.fr/file/7693/download?token=KrvuC684
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